Souffrance scolaire, décrochage : la proposition du CPP
La souffrance scolaire est un mal très répandu dans le monde, et en France. Les psychologues reçoivent professeurs et élèves en souffrance scolaire. L’école obligatoire pour tous est un système relativement neuf. Certains d’entre nous ont adoré l’école, s’y sont développés, épanouis, s’y sont fait des amis pour la vie, ont des souvenirs de professeurs et moments formidables, ont trouvé leur voie grâce aux enseignements qui y étaient dispensés. D’autres se sont contentés de survivre à ces années qu’ils ont trouvées difficiles, ont pris leur mal en patience. Mais pour certains élèves, l’école est réellement source de souffrance. (Certains cas de souffrance scolaire peuvent aller jusqu’à la phobie scolaire, à laquelle nous avons consacré un article.) C’est de ce constat de souffrance scolaire qu’est née l’école Le Cours du Pont de Pierre. Vers le milieu des années 2010, un jeune ingénieur eut l’idée de réunir en un endroit une poignée de jeunes isolés chez eux, en décrochage, parce qu’ils souffraient trop à l’école. Ils sont aujourd’hui plusieurs dizaines à se réunir chaque jour au sein de cette école qui s’est donné pour mission de les réconcilier avec l’apprentissage.
Une « terre du milieu », entre scolarisation classique et déscolarisation
Le Cours du Pont de Pierre, dans le 15ème arrondissement de Paris accueille des jeunes qui ont tellement souffert à l’école qu’ils n’arrivent plus à y aller. Certains ont été déscolarisés pendant plusieurs années, lorsqu’ils rejoignent cet établissement de la rue Vaugelas, spécialisée en « raccrochage scolaire ».
Les jeunes du CPP suivent les programmes de l’Education nationale …
Pour éviter que les jeunes ne soient englués dans une bulle de laquelle ils ne peuvent sortir, ils suivent les mêmes programmes que dans les écoles publiques et privées sous contrat. Et chaque heure de cours est obligatoire. Le CPP veut offrir toutes les passerelles possibles à ses élèves, pour qu’ils puissent un jour rejoindre un établissement plus classique sans aucun problème.
… mais à leur rythme
La différence tient à la formule du CPP : formule basée sur le préceptorat et l’individualisation des parcours. Chaque élève a son emploi du temps. S’il a besoin de 6 h de maths par semaine pour acquérir les notions au programme, il aura 6 heures de maths par semaine! S’il peut finir en 4 , il n’aura que 4 de maths, et pourra consacrer plus de temps à une matière qu’il souhaite approfondir, ou dans laquelle il a plus de difficultés. Un même support de cours peut être achevé par un élève en deux semaine, par un autre en deux mois.
De nombreuses expériences scientifiques conduites par des experts en sciences de l’éducation, ou sciences cognitives appliquées à l’éducation ont montré que beaucoup d’échecs scolaires pouvaient s’expliquer par un rythme non adapté à tel ou tel élève, particulièrement rapide, ou particulièrement lent à comprendre ou assimiler telle ou telle notion. Ce qu’on appelle souffrance scolaire peut dans certains cas être un ennui profond (parce que l’élève a compris très vite et que le professeur doit continuer à passer plusieurs heures sur ce sujet, pour s’assurer que toute la classe a assimilé la notion) , conduisant à un décrochage, ou au contraire une angoisse, parce qu’on lui demande d’assimiler quelque chose trop rapidement.
Il faut imaginer un skieur débutant sur une piste noire verglacée, pleine de bosses : la panique le fera indubitablement échouer, et il ne prendra aucun plaisir à skier. A l’inverse, un skieur tête brûlée, chevronné, à qui on demande de refaire la même piste verte toute journée s’ennuiera tellement qu’il pourrait développer des comportements à risque, pour lui ou pour les autres. En autorisant chacun à suivre son propre rythme, on peut déjà soulager la souffrance scolaire. Si on veut filer la métaphore, on peut voir les pauses/récrés/repas comme les moments où, sur les remontées mécaniques, ou au refuge d’altitude, chacun partage ses expériences et peut-être ses difficultés, mais, une fois le travail repris, c’est chacun son rythme, ce qui permet de prendre du plaisir et de s’améliorer.
Souffrance scolaire et précepteurs
Nombreux sont les élèves en grande souffrance scolaire qui se sont sentis, à tort (certains états dépressifs pouvant conduire à des perceptions erronées) ou à raison, persécutés, harcelés par un professeur, soit parce qu’il ne reconnaissait pas leur handicap (certains élèves dyspraxiques se sont par exemple régulièrement retrouvés punis, ou sanctionnés, en raison de leur lenteur, perçue comme de la « paresse », ou d’un « manque de volonté »), soit parce que, parfois, certains professeurs sont des « bullies« .
Les précepteurs du CPP sont formés aux troubles de l’apprentissage, et connaissent les difficultés de chaque jeune, qu’ils traitent en conséquence. Il va sans dire que ces professionnels de l’éducation, qui s’engagent dans une école spécialisée en « raccrochage scolaire » ne se permettraient jamais la moindre attitude de « bully » envers les jeunes. Les précepteurs du CPP sont au contraire des personnes pleines de compassion, et de compétence. Chaque heure, un précepteur s’occupe d’une demi-dizaine d’élèves, d’âges et de niveaux divers, travaillant chacun sur une matière différente. Le précepteur va de l’un à l’autre, selon les besoins de chacun, qu’il connaît et tente de satisfaire.
« The best of both worlds »
Dans le célèbre documentaire sur l’école à la maison : Être et devenir, des animateurs d’ateliers ludiques font cette remarque selon laquelle, quand ils ont des groupes mixtes, (c’est à dire dont certains enfants sont scolarisés, et d’autres non), ils trouvent que l’équilibre est intéressant, parce que les jeunes non scolarisés de manière classique contribuent au groupe en apportant flexibilité, créativité et souplesse, et les autres, scolarisés, apportent discipline et rigueur. L’école Le Cours du Pont de Pierre espère pouvoir offrir à ses élèves souplesse et discipline, flexibilité et rigueur. Par exemple, les élèves peuvent être autorisés à exprimer leur désaccord avec certaines règles. Ensemble, ils peuvent proposer des ajustements au cadre proposé, mais une fois ces règles posées, elles sont strictes.
Souffrance scolaire : anxiété et dépression
Il arrive que certains jeunes souffrent de troubles anxieux généralisés, ou d’une dépression, qui déclenchent une souffrance scolaire. En parallèle à leur scolarité, il est recommandé à ces jeunes de suivre une thérapie, qui les aidera à guérir de cette anxiété ou de cette dépression qui ne sont en réalité pas causées par la scolarisation, mais qui s’expriment dans le cadre de l’école. Au CPP, les élèves suivent des cours de Feldenkreiss, yoga, pratiquent la méditation, sont formés en nutrition et pratiquent de nombreuses activités (théâtre d’improvisation, art, sport d’équipe, ateliers d’écriture) qui peuvent aider à soulager anxiété et dépression. De manière générale, le cadre du CPP est pensé pour produire un milieu stimulant, mais non anxiogène, l’idée étant d’offrir un environnement propice à une expérience optimale, parfois appelée « flow », en sciences de l’éducation, et en psychologie.
Nous avons aussi dédié des articles aux sujets du harcèlement scolaire, des troubles en -dys (dyslexie, dyspraxie, dysgraphie, dysorthographie …), et de la phobie scolaire. Nous vous invitons à les consulter pour plus d’informations.
Le Cours du Pont de Pierre, pour réconcilier les élèves avec l’envie d’apprendre
Le Cours du Pont de Pierre, école privée hors-contrat (primaire, collège et lycée), est né d’un constat : certains élèves ne se sentent pas bien dans une classe de 30 élèves, quelle qu’en soit la raison, et recherchent une autre approche pour leurs apprentissages.
Cette école a été créée pour leur offrir un lieu d’apprentissage dans lequel le rapport qui lie l’élève et l’enseignant est revu, en diminuant le nombre d’élèves et en individualisant chaque enseignement.
Ce que l’on dit du Cours du Pont de Pierre …
« Nous tenions tous les trois à vous exprimer nos très sincères remerciements pour votre accompagnement constant, bienveillant, exigeant mais respectueux du rythme de M. (…) C’est chez vous que M. a pu se reconstruire pas à pas, reprendre confiance, respecter sa personnalité, trouver de nouveaux repères et envisager enfin l’avenir autrement.
C’est auprès de vous tous que nous, parents, avons trouvé confiance et apaisement par votre écoute, votre patience, votre ouverture à chercher sans cesse de nouvelles approches pédagogiques pour aider M. à apprendre jusqu’à trouver celle qui lui convenait, la souplesse, le dialogue, la disponibilité et l’optimisme !
Merci d’avoir créé cette école unique en son genre et qui répond à de vrais besoins chez ces jeunes plein de potentiel pour qui le système scolaire classique ne convient pas, c’est une cause tellement louable et importante mais aussi certainement épuisante, difficile à tout point de vue, merci de la mener avec tant de détermination ! Merci pour votre « souple fermeté » avec vos élèves, et le soin que vous mettez à garantir une cohésion et une bonne entente entre eux, celui aussi que vous cultivez à nourrir ces jeunes tant scolairement, mentalement, culturellement que physiquement. Merci pour ce cadre de travail, ces locaux, cette ambiance, qui est selon M. « parfaite », et bravo pour vos talents de sélectionneur : votre équipe pédagogique est très complémentaire, on vous sent tous « reliés » par les mêmes valeurs, c’est une équipe qui aime son travail, ses élèves, son école, chapeau ! (…)
« Voilà, je voulais tout simplement vous remercier pour cette année (…) Je me souviens du premier rendez-vous il y a maintenant 9 mois où on se lançait dans le plus gros défi de ma vie, reprendre les cours (…) ça n’a pas été facile tous les jours, ça a même parfois été vraiment très difficile, mais à chaque fois que je perdais espoir, vous étiez là pour me soutenir.
J’ai eu beaucoup de doutes, mais vous m’avez redonné confiance, vous m’avez fait grandir et avancer (…) »
« P. a retrouvé sa joie de vivre : il rit, blague, jongle, il est bien dans ses baskets grâce à vous et à votre école si attentive à chacun. C’est un vrai plaisir et un grand soulagement que de le voir s’épanouir en toute confiance, soutenu par ses professeurs. »