Je suis précepteur. J’ai la conviction qu’un monde libre se comprend, qu’une société croît quand ses individus sont épanouis. Jours après jours, mes collègues et moi nous demandons comment servir au mieux l’épanouissement de nos élèves. Nous leur montrons comment s’emparer d’un sujet, le faire leur. Nous enseignons la détermination qui soutient un projet quand l’enthousiasme s’épuise, ce chemin personnel qu’est la réussite. Je suis précepteur. J’enseigne les disciplines qui m’animent pour transmettre la joie de savoir, la fierté de comprendre, la liberté de trouver des réponses. J’enseigne les disciplines que je craignais enfant pour transmettre la distance entre sa valeur et ses notes, la résilience et le dépassement. J’enseigne les mathématiques, les sciences, l’Histoire, le cinéma … Je suis précepteur, finalement comme nous le sommes tous.
Je suis au CPP. Les journées sont longues et denses, et passionnantes. Chaque cours est un défi lancé par un élève : « Parviendras-tu à m’aider ? A trouver la bonne phrase ? La bonne image ? » Et puis il y a les pauses. Surtout, il y a les pauses ! C’est un mot trompeur d’ailleurs. Les précepteurs et les élèves discutent et rient, beaucoup. Il y a un tableau dans la cuisine qui finit chaque pause coloré de formules mathématiques, de schémas biologiques, d’explications philologiques, ou bien de courbes économiques. Je suis au CPP et c’est peut-être aux pauses que l’on apprend le plus. Je suis au CPP, où survit un humanisme rêvé.
Je réalise que voilà une bien étrange manière de se présenter. J’aurais pu vous raconter mes études de Physique, ma passion pour les Mathématiques, mon trajet scolaire tenant plus de la côte de Bretagne que de la ligne droite. J’aurais pu. Mais vous n’en auriez pas mieux compris pourquoi je suis au CPP. A dire vrai, la seule manière de vraiment comprendre c’est de venir.
Hugo A – Précepteur au CPP
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