Dyslexiques et apprentissage : comment les réconcilier?
La dyslexie est un mot générique, une catégorie hétérogène qui inclut de nombreux troubles de la lecture. Une dyslexie non diagnostiquée, et non prise en charge entraîne souvent un découragement de l’élève dyslexique qui peut alors venir rejoindre les rangs des décrocheurs dyslexiques, ces dyslexiques qui décident que l’école, « ce n’est pas pour eux ». Et on les comprend!
La bonne nouvelle ? Des solutions existent!
Vous avez lu notre article sur les « dys » et vous vous demandez comment aider plus particulièrement les jeunes élèves dyslexiques, comment vous pouvez les aider en tant que parents, et comment, au CPP, vos enfants sont pris en charge dans un environnement adapté.
« Dyslexiques » : Un mot, des multitudes de situations particulières.
La dyslexie est une catégorie hétérogène. Certaines personnes dites « dyslexiques » lisent par exemple « signe » pour « singe » (les lettres du milieu sont interverties) mais n’auront aucun problème à lire le mot « université » ; d’autres ont toujours un problème avec les lettres qui sont au début du mot ; d’autres avec certains mots abstraits, qu’ils ne peuvent pas se représenter ; d’autres encore ont du mal à isoler un mot des autres …
Ainsi, pour certains dyslexiques, un texte apparaîtra ainsi :
Exercice de calcul « Vous êtes en CE1, résolvez ce problème en moins de 10 minutes » : Monsieur etma damare novon deupari achameau nit. Ladisten cet deux 600 Km lavoix tureconsso me 10 litr rausan quil aumaître. Ilfocon thé 18€ deux pé âge d’aux taurou tet 8€ dere papour désjeu néleumidit. Les sens kou tes 1€ leli treu ilpar ta 8 eureh. Kélai laconso mas siondes sans ? Quélai ladaipan setota lepour levoiaje ? (Sabine de Meester, 2013) |
Pour d’autres, comme cela (cliquez sur le lien si vous êtes curieux !)
Il existe de nombreuses catégories de dyslexie, et à l’intérieur de ces catégories, des situations très diverses. Les jeunes « dyslexiques » qui sont accueillis au CPP sont très divers, et ont des besoins différenciés.
L’importance d’un diagnostic fin et d’une collaboration avec des spécialistes pour accompagner les élèves « dyslexiques ».
Comme expliqué dans notre article général sur les troubles en dys, les précepteurs du CPP ne sont qualifiés ni pour établir un diagnostic, ni pour proposer de rééducation. Leur travail est de rendre l’apprentissage accessible, et d’aider chaque élève à trouver les stratégies de contournement à ses difficultés de lecture qui l’aideront à développer son intelligence et sa curiosité. L’établissement d’un diagnostic précis aidera le précepteur dans son travail : s’il sait de quel type de dyslexie il s’agit, il sera beaucoup plus facile d’accompagner l’élève. Par exemple, un séparateur de mot peut être très utile à certains élèves dyslexiques, pour qui le problème est que les mots se mélangent, mais sera inutile à un autre qui a un problème de confusion de lettres. L’importance d’un diagnostic de départ par un membre qualifié du corps médical est donc fortement conseillé, et la rééducation de l’élève peut être entreprise en parallèle à sa scolarité par un orthophoniste, qui peut lui aussi donner des conseils et recommandations à l’équipe pédagogique.
L’individualisation des apprentissages au cœur du projet pédagogique du CPP
Au CPP, chaque élève a son rythme de travail propre, son propre emploi du temps, et des supports adaptés aux enjeux de sa scolarité. Ces supports sont attrayants sans être distrayants, n’utilisent que des polices faciles à lire, sont aérés, comprennent de nombreux liens vers des vidéos plutôt que de grands blocs de texte et utilisent des consignes et des énoncés aussi concis que possible. Il est de plus possible pour chaque élève d’adapter les supports en fonction de sa difficulté de lecture : un élève peut choisir, avant impression, d’agrandir l’espace entre les mots, ou entre les lettres, d’augmenter la taille de la police, etc. …
Lecture d’œuvres intégrales et jeunes « dyslexiques »
Au CPP, aucun élève n’est forcé à lire de livres imprimés. Les élèves peuvent choisir d’écouter des livres au format audio, ou de lire sur une liseuse pour changer la taille des caractères ou des interlignes. Ainsi, plutôt que d’essayer (en vain) de réparer les fonctions déficitaires en forçant des élèves à un exercice épuisant pour eux, les précepteurs chercheront à utiliser les autres fonctions cognitives qui, elles, fonctionnent parfaitement, pour arriver au même résultat de manière un peu différente. Un élève dyslexique n’a-t-il pas plus de chance d’apprécier La Princesse de Clèves lue par une sociétaire de la Comédie française plutôt que péniblement déchiffré par lui ?
Comme on l’a expliqué dans notre article sur les troubles en -dys, il faut éviter de placer les jeunes en situation de « double tâche », et c’est exactement ce que l’on fait si on demande à quelqu’un qui ne peut pas automatiser le processus de lecture, de déchiffrer ET de comprendre, à plus forte raison d’analyser.
Comment en vouloir à un élève d’abandonner une lecture pénible, douloureuse, qui ne lui apporte aucun plaisir, ni même aucune satisfaction intellectuelle, puisqu’il est dans l’incapacité de réussir la tâche, ou plutôt les deux tâches simultanées, qu’on lui a assignées ?
La lecture à voix haute n’est pas obligatoire pour les élèves dyslexiques
En dehors de quelques séances en groupe très réduit, dans le cadre de la préparation à un examen (oral de français, ou d’anglais), aucun élève dyslexique n’est obligé de lire à voix haute. Cet exercice n’apporte rien à l’élève, et risque de le mettre dans une situation inconfortable.
La subvocalisation est autorisée pour les élèves dyslexiques
Pour certains dyslexiques, murmurer un texte à voix haute peut aider (plutôt que de lire comme les autres « dans leur tête ») : cette subvocalisation permet le maintien actif de la boucle phonologique. Il est important de laisser tout élève le souhaitant utiliser cette technique, et d’expliquer aux élèves qui sont à côté de lui pourquoi son voisin « chuchote ». Les locaux du CPP étant suffisamment vastes, les élèves peuvent être assez espacés pour que cela ne pose aucun problème.
Autres outils d’aide à la lecture
Comme on l’a expliqué précédemment, les tactiques sont différentes pour chaque dyslexie : gabarit, réglette, cache … Il existe une multitude d’aides à la lecture qui permettent à chaque élève de devenir autonome. Les précepteurs aideront chaque élève dyslexique à trouver l’outil qui lui convient le mieux : il est probable que son orthophoniste conseille au jeune un certain nombre d’outils à expérimenter. Il sera encouragé et accompagné dans ses expériences.
Les cours de langues vivantes
Au CPP, les cours de langue vivante se font en groupes très réduits : cinq élèves pour un précepteur. L’oral est très fortement favorisé. Les élèves peuvent choisir leur LV2 entre espagnol et allemand. Les élèves dyslexiques sont encouragés à choisir l’espagnol.
Et après l’école ? Que deviennent les anciens « dyslexiques » ?
L’école (très normative) est pour beaucoup de personnes dyslexiques la période la plus difficile de leur vie ! Mais beaucoup réussissent très bien professionnellement. Certaines études montrent même une corrélation entre dyslexie et entrepreneuriat. Dès le début de leurs apprentissages, les dyslexiques ont rencontré beaucoup d’obstacles, ils ont donc acquis de bonnes compétences en résolution de problèmes (notamment grâce aux nombreux mécanismes de compensation qu’ils ont dû développer). Certains affirment que le fait de ne « pas cadrer » les a aidés à penser « hors cadre », et finalement à « encadrer » les autres ! Détermination, courage et sens de l’innovation sont souvent évoqués dans les témoignages d’adultes dyslexiques comme conséquences de leurs troubles. Même leur capacité à déléguer, qui leur aurait été inspiré par la nécessité de toujours déléguer lecture et rédaction à leurs camarades de leurs groupes de travail.
Il est important de montrer aux jeunes élèves dyslexiques qu’il est tout à fait possible de très bien réussir dans tous les domaines de la vie, même avec un trouble qui ne disparaîtra jamais complètement. C’est la responsabilité des équipes pédagogique et médicales de les aider à traverser cette période difficile de l’école sans se décourager et en développant toutes les compétences transverses et qualités qui feront d’eux des personnes épanouies !
BIBLIOGRAPHIE
Fédération française des dys (FFDYS), journée de formation des précepteurs du CPP, juillet 2020.
Naama Friedmann, « Diagnostic et remédiation des différents sous-types de dyslexie », Cours du Collège de France, 2015, https://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/seminar-2015-02-10-11h00.htm
Florence Guillaud, « Propositions d’aménagements pédagogiques », Dyscussions parents professeurs. https://bit.ly/2YvqcaZ.
Sabine de Meester, « Le fonctionnement cognitif dans les apprentissages scolaires », Journée de formation des professeurs documentalistes, 2013, Académie de Dijon.
Ce que l’on dit du Cours du Pont de Pierre …
« Nous tenions tous les trois à vous exprimer nos très sincères remerciements pour votre accompagnement constant, bienveillant, exigeant mais respectueux du rythme de M. (…) C’est chez vous que M. a pu se reconstruire pas à pas, reprendre confiance, respecter sa personnalité, trouver de nouveaux repères et envisager enfin l’avenir autrement.
C’est auprès de vous tous que nous, parents, avons trouvé confiance et apaisement par votre écoute, votre patience, votre ouverture à chercher sans cesse de nouvelles approches pédagogiques pour aider M. à apprendre jusqu’à trouver celle qui lui convenait, la souplesse, le dialogue, la disponibilité et l’optimisme !
Merci d’avoir créé cette école unique en son genre et qui répond à de vrais besoins chez ces jeunes plein de potentiel pour qui le système scolaire classique ne convient pas, c’est une cause tellement louable et importante mais aussi certainement épuisante, difficile à tout point de vue, merci de la mener avec tant de détermination ! Merci pour votre « souple fermeté » avec vos élèves, et le soin que vous mettez à garantir une cohésion et une bonne entente entre eux, celui aussi que vous cultivez à nourrir ces jeunes tant scolairement, mentalement, culturellement que physiquement. Merci pour ce cadre de travail, ces locaux, cette ambiance, qui est selon M. « parfaite », et bravo pour vos talents de sélectionneur : votre équipe pédagogique est très complémentaire, on vous sent tous « reliés » par les mêmes valeurs, c’est une équipe qui aime son travail, ses élèves, son école, chapeau ! (…)
« Voilà, je voulais tout simplement vous remercier pour cette année (…) Je me souviens du premier rendez-vous il y a maintenant 9 mois où on se lançait dans le plus gros défi de ma vie, reprendre les cours (…) ça n’a pas été facile tous les jours, ça a même parfois été vraiment très difficile, mais à chaque fois que je perdais espoir, vous étiez là pour me soutenir.
J’ai eu beaucoup de doutes, mais vous m’avez redonné confiance, vous m’avez fait grandir et avancer (…) »
« P. a retrouvé sa joie de vivre : il rit, blague, jongle, il est bien dans ses baskets grâce à vous et à votre école si attentive à chacun. C’est un vrai plaisir et un grand soulagement que de le voir s’épanouir en toute confiance, soutenu par ses professeurs. »
Le Cours du Pont de Pierre, pour réconcilier les élèves avec l’envie d’apprendre
Le Cours du Pont de Pierre, école privée hors-contrat (primaire, collège et lycée), est né d’un constat : certains élèves ne se sentent pas bien dans une classe de 30 élèves, quelle qu’en soit la raison, et recherchent une autre approche pour leurs apprentissages.
Cette école a été créée pour leur offrir un lieu d’apprentissage dans lequel le rapport qui lie l’élève et l’enseignant est revu, en diminuant le nombre d’élèves et en individualisant chaque enseignement.